Randonnée du 21 juillet 2022
Très belle randonnée vers le plateau de la Jonction, à la confluence des glaciers de Taconnaz et des Bossons issus du Mont Blanc du Tacul, du Mont Maudit et du Mont Blanc. Si le recul des glaciers a profondément modifié ce lieu, celui-ci reste chargé d’histoire car il se trouve sur l’itinéraire de la première ascension du Mont Blanc par les chamoniards Jacques Balmat et Michel G. Paccard le 08 août 1786.
Résumé : long itinéraire, exigeant sans être difficile. Ne pas trop traîner si on opte pour un A/R par le télésiège des Bossons (ouverture 8 h 30 – retour 18 h) et un départ effectif de la randonnée à la gare d'arrivée de celui-ci. A défaut, compter 400 m de D + et au minimum 2 h de marche supplémentaires A/R par le sentier qui part de la route du Mont, près du hameau des Tissières.
Conditions : temps agréable avec des remontées de brume sur les sommets. Quelques cumulus en fin de journée.
Difficultés : sentier bien balisé, quelques passages rocheux où l’aide des mains est nécessaire (balisage « rond jaune »).
Flore : campanule, doronic, crépide dorée, etc
Départ
Hameau des Bossons.
Suivre la N 205 en direction de Chamonix. Après les Houches prendre la sortie n° 30 « les Bossons » puis rejoindre le parking du télésiège des Bossons (1021 m - panneaux). Pour les plus courageux suivre le balisage qui amène au départ du sentier sur la route du Mont, près du hameau des Tissières.
Itinéraire
Carte IGN 1/25000° 3531 ET St-Gervais-les-Bains - Massif du Mont Blanc
A l’arrivée du télésiège (1401 m - panneaux) passer éventuellement au chalet du glacier des Bossons - 1425 m - (présentation des restes des accidents aériens rendus par le glacier des Bossons, dont ceux de la catastrophe du « Malabar Princess » d’Air India le 03 novembre 1950), puis prendre le large sentier qui serpente en lacets serrés dans la forêt de la Montagne de la Côte et amène au chalet des Pyramides (1895 m - vue splendide sur les séracs du glacier des Bossons.)
Après une courte descente (échelle de bois - quelques lacets) la forêt (pins cembro) devient plus clairsemée puis laisse progressivement place à la végétation arbustive (airelles, genévriers) ; vers 2000 m le décor devient minéral.
Arriver à la plate-forme en béton d’un ancien pylône (marque fléchée « Jonction ») avant de basculer côté glacier de Taconnaz (belle vue sur la langue terminale dont la partie gauche est maintenant isolée du lit principal) par une série de raides lacets qui amène à l’embranchement avec le sentier dit « de Taconnaz » montant du hameau du Mont, actuellement interdit.
L’itinéraire remonte ensuite vers la crête et repasse côté glacier des Bossons avant de poursuivre par une longue traversée en balcon le long des séracs, avec l’Aiguille du Midi, l’Aiguille Verte et les Drus en toile de fond.
Après le « collu » au-dessus du Bec du Corbeau (2221 m), gravir un premier secteur rocheux, assez raide mais plutôt aisé en suivant le balisage « rond jaune », contourner le Mont Corbeau (2334 m) par la gauche puis atteindre la vaste croupe d'éboulis parsemée de gros rochers épars (repérer ceux de gauche) dont le sommet borde le plateau de la Jonction.
Le sentier passe à travers les blocs ci-dessus (« Gîte à Balmat » 2530 m) haut lieu historique où Jacques Balmat et Michel G. Paccard ont bivouaqué la nuit du 07 août 1786 avant d’atteindre le sommet du Mont Blanc le lendemain.
Nb : si l’ascension du Mont Blanc est devenue relativement aisée de nos jours avec la présence des refuges de Tête Rousse et du Goûter qui permettent de faire 3 étapes « abordables », il faut ajouter à l’exploit des deux chamoniards – plus de 2200 m de D + le 08 août - le contexte de l’époque : un équipement modeste, une montée à vue dans un environnement hostile (séracs et nombreuses crevasses) et des croyances populaires qui imaginaient des esprits maléfiques se manifester la nuit dans ces hauts lieux où nul ne s’était aventuré.
Après un dernier lacet à gauche arriver à l’affleurement du plateau rocheux de la Jonction qui partageait l’immense fleuve de glace issu des grands sommets du Massif (Trois "Monts", Dôme du Goûter) pour donner naissance aux glaciers des Bossons et de Taconnaz.
Depuis quelques années, le réchauffement climatique a provoqué un recul général des glaciers alors que l’enneigement moyen est resté stable dans la zone d’accumulation (cirque glaciaire du Grand Plateau). Ceux des Bossons et de Taconnaz divergent maintenant bien au-dessus de la Jonction et leur langue terminale (zone d’ablation) se situe respectivement à environ 1500 m et 1700 m actuellement, soit 400 m plus haut que les relevés de 2005 (*).
De la Jonction (2589 m) point ultime de l’itinéraire réalisable sans équipement d’alpinisme, vue « sublime » sur l’Aiguille du Midi, le col du Midi, le Mont Blanc du Tacul, le Mont Maudit, le Dôme et l’Aiguille du Goûter (le sommet du Mont Blanc est caché par le Dôme du Goûter).
Retour par le même itinéraire et le télésiège des Bossons (attention dernière descente à 18 h).
(*) source (entre-autres) "Guide-découverte des glaciers alpins" – Hugo MANSOUX, Ed. GAP- 2005
Dénivelé : 1300 m
Temps de marche : 7 h 30 dont 4 h de montée
Distance estimée : 10 km
La Jonction 2589 m - vue sur une partie du cirque glaciaire sous le Mont Maudit et le Dôme du Goûter
Auge glaciaire du glacier des Bossons (la bande claire à droite marque la hauteur maximale atteinte par le glacier au cours du "petit âge glaciaire" XV° - XIX° s.)
Avec l'aimable autorisation d'Eric, auteur de cette magnifique vidéo.