12 juin 2008
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Les séracs du Glacier Blanc (photo juin 2007)
Résumé des deux jours passés sur le Glacier Blanc dans le cadre de la formation FFME "Sécurité sur glacier"
J 1 (samedi 07 juin 2008)
Pré de Mme Carle (alt. 1.874 m) - 09 h 00
Les stagiaires retrouvent Fred, animateur de cette formation qui doit permettre à chacun de conforter ses acquis et de valider les techniques de base propres au terrain "glaciaire" dans le cadre de la conduite d'un groupe.
Après un inventaire du matériel personnel et collectif, nous partons lourdement chargés (matériel de bivouac, eau et vivres pour 2 jours) mais de bonne humeur malgré un ciel bas et une météo aussi pessimiste que celle des jours précédents.
Après la passerelle qui franchit le torrent du Glacier Noir nous nous élevons rapidement par les lacets qui mènent au premier plateau où s'écoule la langue terminale du Glacier Blanc.
La neige molle rend la progression difficile et Fred opte pour un cheminement sur la crête rocheuse pour atteindre sur la rive gauche du glacier le minuscule Refuge Tuckett (alt. 2.438 m), utilisé de 1880 à 1945 et aujourd'hui Eco-musée.
La pluie qui nous a accompagnés durant une bonne partie de la montée tombe de plus en plus drue et gâche la vue d'un environnement magnifique.
Après une halte au Refuge du Glacier Blanc et un rappel des techniques d'encordement (noeuds, anneaux de buste, etc) nous remontons vers les séracs au centre du glacier vers 2.850 m pour nos premiers exercices (montée et descente en pente raide, piolet-rampe, désescalade, etc)
Afin de mettre en application les techniques de sauvetage après une chute en crevasse (remontée sur corde, assurage, mouflages, etc), Fred nous conduit sur un petit replat qui domine une falaise de glace d'une quinzaine de métres.
Il fait froid, la neige se mêle à la pluie et nous sommes vraiment placés dans les conditions "optimales" propres à tester nos capacités à nous en "sortir"
Dans un contexte sécurisé (double assurage) nous jouons tour à tour le rôle de la victime et du sauveteur.
Enseignements tirés de cet exercice :
- en dépit d'une "préparation" à la chute d'un compagnon de cordée (concentration, corde tendue, etc) , on constate qu'il n'est pas très aisé d'enrayer celle-ci au plus vite,
- la mise en place d'un "corps mort" et la désolidarisation directe avec la "victime" n'est pas évidente non plus quand le baudrier supporte le poids du compagnon
- pour la "victime" pendue au bout de la corde, installer les accessoires de remontée pour un "auto-sauvetage" (bloqueurs - tibloc ou ropeman -, noeud français) devient compliqué lorsque le froid rend les doigts raides et tétanise les muscles,
- l'extraction de la "victime" (sans son concours actif) par un unique sauveteur est impossible, sauf à mettre en place un "mariner double" (et encore!).
On prend donc conscience du danger potentiel de constituer une cordée réduite à 2.
La pluie et la neige n'ont pas cessé et vers 19 h nous décidons de renoncer au bivouac initialement prévu sur le glacier et de rejoindre le Refuge du Glacier Blanc.
Avouons que la chaleur du refuge, le repas chaud, la bouteille ouverte par Fred et une nuit "au sec" auront été appréciables.
Le Glacier Blanc et la Pointe du Serre Soubeyran (alt. 3.472 m) - Photo juin 2007 -
J 2 (dimanche 08 juin 2008)
Les séracs du Glacier Blanc (vers alt. 2.900 m)
Au réveil, le temps est toujours aussi mauvais et certains en profitent pour s'accorder quelques minutes supplémentaires de sommeil et de douce chaleur.
Le petit-déjeuner est copieux, les vêtements secs et le moral au beau fixe; nous remontons sur le site de la veille pour terminer nos manoeuvres de sauvetage, tester les amarrages "naturels" (lunule, abalakov, champignon de neige ou de glace), les ancrages et reprendre les techniques d'assurage "en mouvement"
Pour la descente et la mise en application de toutes ces bonnes pratiques, Fred nous fera passer par un itinéraire parfois impressionnant (pentes raides, crevasses, altermance de glace et de neige) mais magnifique et parfaitement sécurisé par ses soins (au cours de la descente, Fred posera une vingtaine de broches à glace et regrettera qu'elles ne soient pas toutes pourvues d' une manivelle!)
La pluie cessera enfin lorsque nous quitterons le glacier au Gabion pour rejoindre le sentier qui redescend vers la vallée.
Entre-temps, Fred et Pierre, auront pressé le pas pour installer des cordes fixes sous le préau de la Maison du Parc Nationnal des Ecrins (à côté du Refuge Cézanne au Pré de Mme Carle) afin de vérifier la bonne assimilation, par chacun d'entre-nous, de la technique de la remontée sur corde (nettement plus aisée dans ces conditions)
Conclusion
Malgré un temps exécrable, nous avons passé 2 jours formidables, riches d'enseignements, dans un environnement magnifique.
Nous avons tous appris (ou révisé) l'essentiel et le nécessaire pour faire faire aux principales difficultés et aux dangers potentiels du terrain glaciaire.
Remerciements à Fred pour sa gentillesse, ses compétences et pour tous les "trucs" qu'il nous a apportés pendant ce stage,
merci à lui ainsi qu'à Juliette, Fred (n° 2) mon compagnon habituel de cordée, Guy, Jibé, Pierre et Yann pour leur sympathique bonne humeur et pour avoir partagé ces moments "inoubliables".
Fred (à droite) et le Groupe